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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/24

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pote, je surveillai le croisement où la rue Feydeau se jette dans la rue Vivienne.

La femme au fouet déboucha au galop. Elle tenta aussitôt un « rush », afin de rattraper notre voiture. Elle courait merveilleusement. Deux secondes j’aimais cette lancée sur le trottoir. Jupes hautes, elle allait d’une foulée étonnamment rapide, le torse droit et le visage levé vers le ciel.

Mais, à cette heure, notre route était libre. Le chauffeur accélérait sans crainte. L’effort de la femme fut vain. Elle gagna au début puis reperdit cette avance. Soudain, comme nous tournions sans ralentir au coin des Boulevards, je la vis s’arrêter brusquement. Elle leva un bras rigide vers le taxi. Une flamme brève et écarlate jaillit, eût-on dit, de sa main. Une détonation sourde suivit. La balle perça la capote à cinquante centimètres de moi, au-dessus de la tête de ma compagne, qui sauta comme sous une décharge électrique.

La femme au fouet nous tirait dessus, comme dans une forêt vierge…