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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/32

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salle démesurée de Suburre avec une dignité royalement orgueilleuse. Autour de nous, les hommes émerveillés de mon audace, clignaient de l’œil avec des sourires, tandis que les femmes avaient des rires narquois et jaloux. Deux de mes amis firent semblant de ne pas me reconnaître. Pensez donc, je dus leur sembler un proche gibier de Cour d’Assises…

Nous nous assîmes, et un maître d’hôtel vint quêter nos ordres. La petite et charmante personne voulait souper et m’exposa son appétit. Rien de mieux ; je demandai tout le nécessaire pour un festin de Gamache, et elle se mit à dévorer.

Son appétit était robuste et sa soif solide. L’Irroy brut avait ses faveurs, et elle le buvait à rassurantes lampées. Je craignis un moment de la voir ivre, mais, le diable m’emporte, elle tenait magnifiquement la boisson.

Je trouvai vraiment un plaisir neuf et croissant à mon rôle de protecteur ou d’amphytrion, et vérifiai tout de suite que l’atmosphère du lieu, lascive et fébrile, n’avait au-