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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/34

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Je répartis galamment :

— C’est printanier ?

Elle fit la moue. Une façon de bonheur et d’allégresse naissait visiblement en sa petite âme. Elle me confia :

— On me nomme aussi Stiletta.

— Ça, murmurais-je, c’est plus dangereux. Seriez-vous pointue et mortelle comme un stylet ?

Elle rit à petits coups, les dents étalées, et un rien de rose aux joues. Puis, reprenant sa dignité, elle affirma droitement :

— Oui.

Une minute passa, je ne me rassasiai pas de la contempler et d’admirer ce mélange de puérilité et d’orgueil. Une astuce méchante se devinait pourtant en ses yeux impassibles, quoique le charme innocent de son visage ovale s’attestat avec tous les traits de l’enfance encore. Elle portait une agaçante et exquise duplicité.

Elle demanda alors :

— Et vous, quel nom vous appartient ?

L’étrangeté de cette formule m’émerveilla.