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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/80

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aucun désir de posséder cette étonnante blessée. Bien plutôt m’amusais-je de sa présence dans ma vie comme les femmes se divertissent parfois de l’existence d’un enfant. Je ne l’envisageais même pas du tout comme une maîtresse éventuelle. Le sentiment dont je me sentais possédé comportait une sorte de tendresse, c’est entendu, mais sous réserve que derrière ce vocable on sente en quelque sorte l’affection d’une douce parenté.

Et dans mon affection pour elle, je gardais une sorte d’horreur, comme devers un serpent venimeux. Elle me faisait peur parfois tant je la devinai anormale. Je n’oubliais pas en sus le coup de revolver tiré à la volée sur le taxi qui m’emmenait avec May vers les Batignolles. Et j’avais toujours présents à l’esprit les moments où cette terrible femme voulait me faire avouer où May se cachait.

En tout cas je goûtais une vraie satisfaction à cultiver la vie de ce joli monstre. Cela valait bien l’entretien d’un de ces arbustes