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DANTON

DANTON.

Suis-je un cheval borgne, condamné à faire tourner la meule jusqu’à ce qu’il crève ?

CAMILLE.

Tu t’es lancé dans un défilé bordé de précipices. Impossible de revenir sur tes pas. Il faut aller. L’ennemi est là, qui te souffle dans le dos : si tu t’arrêtes, il te jette en bas. Déjà il lève la main et calcule le coup qu’il veut porter.

DANTON.

Je n’ai qu’à me retourner et leur montrer ma hure, pour qu’ils tombent foudroyés.

WESTERMANN.

Fais donc. Qu’attends-tu ?

DANTON.

Plus tard.

PHILIPPEAUX.

Tes ennemis s’agitent. Billaud-Varenne se répand en paroles enragées contre toi. Vadier plaisante sur ta chute prochaine. Le bruit de ton arrestation a déjà couru dans Paris.

DANTON, haussant les épaules.

Sottise. Ils n’oseront pas.

PHILIPPEAUX.

Sais-tu ce que Vadier a dit ? J’hésitais à te répéter ses ignobles propos. Vadier a dit de toi : « Ce gros turbot farci, nous le viderons bientôt. »

DANTON, tonnant.

Vadier a dit cela ? Eh bien, réponds, réponds à ce scélérat que je lui mangerai la cervelle, que je lui broierai le crâne ! Quand je craindrai pour ma vie, je deviendrai plus féroce qu’un cannibale !

Il écume de fureur.