Beaux témoignages ! Un mort et un absent !
N’importe !… Sa mort ne fait que confirmer mes doutes.
Quoi ? Quoi ? — Vociférant. Jean-foutre, je te tuerai ! Il se jette sur Teulier, le sabre levé. Les officiers les séparent. — Hors de lui. Citoyens, je suis victime d’une machination effroyable. Vous le voyez, mon accusateur, ce bandit, il montre Teulier, descend aux pires insultes, d’accord avec les traîtres et les espions prussiens. Comme ils tremblent devant moi, ils ne reculent devant aucun moyen pour me perdre. Ils ont acheté cette crapule, indigne du nom de Français. Je l’avais ménagé jusqu’à présent ; le souvenir de notre amitié passée me retenait malgré moi. Je l’aurais égorgé, mais en silence. Puisqu’il me pousse à bout, je parlerai. Je ne me défends plus, j’accuse. J’accuse Teulier d’être vendu aux Prussiens, d’être complice des royalistes, des feuillantistes, des rolandistes, et des aristocrates de toutes couleurs. J’en donnerai des preuves. Je me suis toujours défié de lui : son dédain pour les patriotes, ses jugements sans respect pour la Convention, son admiration éhontée pour des ennemis, tout en lui est suspect. — Et il sait l’allemand !… Je vous donnerai des preuves… Je vous mets en demeure de juger entre lui et moi. L’un de nous est un traître. Je ne sortirai point d’ici qu’il ne soit condamné.
Citoyens, ce débordement d’injures ne m’atteint point. Vous connaissez ma vie, elle s’étale au grand jour. Je suis pauvre, j’ai laissé tous les miens, mes fonctions, mon repos, et, ce qui m’était plus cher, mes travaux, pour offrir mes forces à ma patrie. Pas un jour, je ne les ai marchandées. Je ne désire aucun titre. J’ai été à onze batailles. Je