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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

faisaient le serment de ne se séparer point, qu’ils n’eussent fait le monde libre ?

HULIN.

De toi, parbleu.

HOCHE.

Tu ne comprends pas. C’était une force qui dépassait mille fois la mienne. Elle faisait éclater ma poitrine. Et je l’ai sentie aussi chez d’autres, des ouvriers, des soldats comme moi. Tu n’es pas de ce peuple, tu ne sais pas lire en lui. Lui-même ne sait pas bien. La misère, l’ignorance, la faim, les soucis ne lui laissent ni le temps ni la force de se connaître. Il voit ; mais il croit qu’il rêve. Il sent gronder sa force ; mais il en doute, elle lui fait peur. Que ne pourrait-il, s’il savait ? Que ne fera-t-il, quand il saura ?

HULIN.

Et quelle pensée commune peut mener ce chaos ?

HOCHE.

La nécessité. Un moment vient où un geste suffit pour précipiter les mondes.

HULIN, lui frappe sur l’épaule.

Tu es un ambitieux. Tu rêves de dominer le peuple.

HOCHE.

Stupide colosse ! Voilà une belle ambition ! Tu me crois l’âme d’un caporal ? Il regarde son uniforme.

HULIN.

Tu fais le dégoûté ? Qu’as-tu donc ? Tu as l’air tout joyeux aujourd’hui. Es-tu promu sergent ?

HOCHE, hausse les épaules.

Il y a de la joie dans l’air.

HULIN.

Tu n’es pas difficile ! La famine. Le massacre imminent. Ton peuple sur le point d’être écrasé… Toi-même, que vas-