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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

PREMIER GUEUX, vidant les poches de l’autre.

Vide tes poches, voleur !

DEUXIÈME GUEUX.

Est-ce qu’on n’a plus le droit de voler les aristos ?

LA FOULE.

Pends-le ! — Accroche-le à l’enseigne ! — Non, une rossée suffit. Demande pardon au peuple. — Bon. — Maintenant, déguerpis !

L’homme se sauve à toutes jambes.
PREMIER GUEUX, se remettant au travail.

On aurait mieux fait de le pendre, pour l’exemple. Il en reviendra d’autres. On est exposé à se salir, dans la compagnie de ces voleurs. C’est désagréable.

CAMILLE DESMOULINS, entrant comme toujours, le nez au vent, flânant et distrait.

Tu en seras quitte pour un coup de brosse.

Ils rient et se remettent au travail.
LE PEUPLE.

Allons, finissons-en.

DESMOULINS, regardant la maison et les travailleurs.

Ma Lucile est ici. Je viens de chez elle. La maison était vide. On m’a dit que toute la famille était allée dîner chez des parents, au faubourg Saint-Antoine. Ils n’ont pas pu revenir, sans doute. Ils ont été bloqués. — Eh ! parbleu ! je crois bien ! Quelle fortification ! Escarpe et contrescarpe, lune et demi-lune, rien n’y manque. Ils font le siège de la maison. — Mais, mes enfants, il s’agit de démolir la Bastille ; il ne s’agit pas d’en construire une autre. — Je ne sais pas ce que vos ennemis en penseront. En tout cas, c’est excessivement dangereux pour vos amis. Je viens de me prendre les jambes dans vos ficelles ; un peu plus, j’y restais. — Ce tonneau ne tient pas. Il faut remettre des pavés.

LE MENUISIER.

Est-ce que tu travailles aussi bien que tu parles ?