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Page:Le Tour du monde - 08.djvu/88

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suivre le guide qui marchait en tête, tandis que l’Allemand fermait la marche.

Après avoir fait un assez long trajet dans ce corridor qui ressemble à un boyau de mine, nous descendîmes une centaine de marches proprement taillées dans le rocher, et nous entrâmes à notre grande satisfaction dans une longue galerie beaucoup plus haute et plus large.

Cette galerie aboutissait à une grande salle naturelle appelée la Rotonde, de laquelle partaient plusieurs embranchements latéraux. Un nouveau corridor, moins étroit que celui de l’entrée, nous conduisit enfin à une immense excavation qui peut contenir cinq mille personnes, et qu’on a surnommée à juste titre l’église gothique.

Jusque-là rien de particulier n’avait attiré notre attention ; mais quand la torche du guide vint frapper de mille facettes lumineuses, comme des constellations, les stalactites de la voûte, nous ne pûmes retenir un cri d’admiration.

C’était un spectacle magique. À l’autre bout de la salle, en face de nous, les concrétions calcaires avaient formé de véritables colonnes qui, s’élançant comme des palmiers, semblaient soutenir le poids de cette immense salle de plus de cent pieds de haut.

Entre les colonnes, on distinguait un autel entouré de chaque côté par un trône et une chaire ; au-dessus de l’autel, s’élevant à perte de vue, se déployait un orgue magnifique dont les tuyaux se tordaient eu spirales et qui était rehaussé par des statues drapées dans des attitudes différentes sur leurs larges piédestaux.

L’autel était orné de vases, d’amphores, de lustres, de candélabres. Toutes ces stalactites se renvoyaient mille feux multicolores qui brillaient d’un tel éclat au milieu de la profonde obscurité, que nous en étions aveuglés.

Jamais le caprice de la nature n’a imité aussi parfaitement l’art humain, et il ne tenait qu’à nous de nous croire dans une véritable église de diamants.

Les grottes de Mammouth. — La caverne étoilée. — Dessin de Gambard d’après M. Deville.

À partir de cet endroit, les stalactites et les stalagmites, autres concrétions qu’avait progressivement formées sur le sol des grottes la chute des gouttes d’eau calcaire, occupaient la voûte et les parois de toutes les avenues, de toutes les salles et de tous les dômes que nous parcourions, affectant les formes les plus bizarres et les plus fantasques, et fournissant à l’imagination de chacun les comparaisons les plus différentes.

C’est à ces merveilleuses cristallisations que sont dus les noms souvent fort singuliers appliqués aux différentes parties des grottes.

L’église gothique est déjà à une demi-lieue de l’entrée. En la quittant, nous nous enfonçâmes dans l’ave-