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Page:Le Tour du monde - 14.djvu/337

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Le grand chapelet de famille (voy. p. 342). — Dessin de Émile Bayard d’après une peinture japonaise.


LE JAPON,


PAR M. AIMÉ HUMBERT, MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE DE LA CONFÉDÉRATION SUISSE[1].


1863-1864. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


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Les bonzes.

Le Bouddha avait recommandé à ses disciples l’exercice du dhyâna, c’est-à-dire la contemplation.

Les bonzes, voulant réglementer la marche de la contemplation, firent du dhyâna une sorte d’échelle mystique à deux étages, divisés l’un et l’autre en quatre degrés (voy. Le Bouddha, de M. Barthélemy Saint-Hilaire). Pour franchir le premier échelon, l’ascète doit être détaché de tout autre désir que celui du nirwâna. Dans cette situation d’âme, il juge et il raisonne encore, mais il est à l’abri des séductions du mal ; et le sentiment que ce premier pas lui ouvre la perspective du nirwâna, le jette dans une disposition extatique, qui lui permet bientôt d’atteindre au second degré.

À ce second pas, la pureté de l’ascète reste la même ; mais, en outre, il a mis de côté le jugement et le raisonnement, en sorte que son intelligence, qui ne songe plus aux choses et ne se fixe que sur le nirwâna, ne ressent que le plaisir de la satisfaction intérieure, sans le juger ni même le comprendre.

Au troisième degré, le plaisir de la satisfaction intérieure a disparu ; le sage est tombé dans l’indifférence à l’égard même du bonheur qu’éprouvait tout à l’heure encore son intelligence. Tout le plaisir qui lui reste, c’est un vague sentiment de bien-être physique dont tout son corps est inondé. Il n’a point perdu, cependant,

  1. Suite. — Voy. p. 1, 17, 33, 49, 305 et 321.