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Page:Le bon sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles - 1772.pdf/120

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§ 105.

On nous objecte que le matérialisme fait de l'homme une pure machine ; ce que l’on juge très-dèshonorant pour toute l'espece humaine. Mais cette espece humaine sera-t-elle bien plus honorée quand on dira que l’homme agit par les impulsions secrettes d'un esprit, où d'un certain je ne scais quoi, qui sert à l’animer, sans qu'on sache comment ?

Il est aisé de s’appercevoir que la supériorité que l’on donne à l'esprit sur la matiere, ou à l'ame sur le corps, n'est fondée que sur l’ignorance, où l'on est, de la nature de cette ame ; tandis que l’on, est plus familiarisé avec la matiere ou le çorps que l’on s’imagine connoître, et dont on croit démêler les ressorts ; mais les mouvemens les plus simples de, nos corps sont, pour tout homme qui les médite, des énigmes aussi difficiles à deviner que la pensée.

§ 106.

L’eftime que tant de gens ont pour la substance spirituelle, ne paroît avoir pour motif, que l’impossibilité où ils se trouvent de la définir d'une façon intelligible. Le mépris que nos métaphyficiens montrent pour la matiere, ne vient que de ce que la familiarité engendre le mépris. Loriqu'ils nous disent que l'ame est plus excellente et plus noble que le corps, il ne nous disent rien, sinon que ce qu’ils ne connoissent aucunement,