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Page:Le bon sens ou Idées naturelles opposées aux idées surnaturelles - 1772.pdf/29

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que Dieu eft infini , c'eft l'anéantir pour Phomme, ou du moins c'eft le rendre inu tile pour lui.

» Dieu , nous dira-t- on , a fait l'homme intelligent , mais il ne l'a pas fait omnifcient, c'eſt-à dire capable de tout favoir ; » l'on en conclut qu'il n'a pu lui donner des facultés affez amples pour connoître l'effence divi ne. Dans ce cas , il eft démontré que Dieu n'a ni pu , ni voulu être connu des hommes. De quel droit ce Dieu fe fâcheroit-il donc effence propre leur effence contre des Etres que leur met dans l'impoffibilité de fe faire aucune idée de l'effence divine ? Dieu feroit évidemment le plus injufte & le plus bizarre des Tyrans s'il puniffoit un athée , pour n'a-. natu voir point connu , ce qu'il étoit , par fa re, dans l'impoffibilité de connoître.

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Pour le commun des hommes , rien ne rend un argument plus convainquant que la peur. En conféquence de ce principe , les Théologiens nous difent qu'ilfaut prendre le parti le plus fûr ; que rien n'eft plus crimi nel que l'incrédulité ; que Dieu punira fans pitié tous ceux qui auront la témérité de dou ter de fon exiſtence ; que fa rigueur eſt juſte, vû qu'il n'y a que la démence ou la perver fité qui puiffe faire combattre l'exiſtence d'un Monarque courroucé qui fe vengera cruelle ment des athées. Si nous examinons ces menaces de fang froid , nous trouverons qu'el