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Page:Le courrier extraordinaire des fouteurs ecclésiastiques, 1872.djvu/31

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LE COURRIER

infante surannée ; et surtout lorsque je les compare avec ceux de ta bien-aimée Kakvelle. Tu seras, sans doute, étonné de mon expression ; mais tu cesseras de l’être, quand je t’apprendrai que je les connais presqu’aussi parfaitement que toi, sans cependant les avoir mis en usage. Que cela ne te donne pas de jalousie, au moins, contre moi. Voici mon aventure, écoute-moi.

Je tournai mes pas jeudi dernier vers le petit jardin que nous louâmes en communauté à l’extrémité du faubourg Saint-Marceau. J’ignorais que tu en avais remis, en partant, la clef à l’idole de ton cœur. Je m’acheminai donc vers notre hermitage, et voici le spectacle qui s’offrit à mes regards, lorsque j’eus tourné mes pas vers un bosquet d’où partaient des soupirs et des gémissements, qui semblaient m’indiquer que ceux qui les poussaient, poussaient en même temps des arguments décisifs, qu’ils s’occupaient des plaisirs de l’amour, et qu’ils étaient en ce moment au comble de la volupté.

Je me juchai sur une petite éminence, et de là je fis mon examen, sans qu’ils fussent à portée de me voir.

Quel tableau, cher abbé ! Deux amants dans l’ivresse
Savouraient de l’amour le prix et la tendresse.

Avant de passer au sentiment de la douleur, extasie-toi sur les objets dont je fus le jaloux spectateur : une femme coëffée en pouf, et dans le costume d’une petite maîtresse, était étendue sur une terrasse ; un siége de gazon servait à lui sou-