Page:Le dragon blesse Croisset Francis 1936.djvu/144

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qui, honteuse de ses joues roses, a l’air le soir, se poudrant de vert, d’être baignée par la lune et, dans la journée, semble éclairée par un soupirail de cave parce qu’elle se badigeonne de gris. Tout cela qui abîmerait n’importe quel visage ne parvient pas à enlaidir le sien. Elle a été mariée deux fois, est en instance de divorce, dévalise les antiquaires, vient d’acquérir un temple sur une colline, veut acheter un palais à Pékin et, vu le bon marché de la vie, ne parvenant point à dépenser ses revenus, s’imagine qu’elle devient économe.

Je la trouve au bar, juchée sur un tabouret et entourée de nos amis. En m’apercevant, elle s’écrie :

— Une grande nouvelle : j’ai trouvé ma maison, un rêve. C’est là que nous déjeunons et l’on y mange très bien.

Je lui demande :

— Vous êtes déjà installée ?

— Hélas ! non, mais mon futur propriétaire m’a invitée, — j’ai oublié son nom. Je lui ai dit que nous serions quatre, mais deux de plus, cela n’a pas d’importance.

— C’est un Chinois ?

— Non, un Européen. Il a fait installer le