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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/174

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les mille nuits et une nuit

Mais pour ce qui est de l’histoire de mon sixième frère et dernier, ô émir des Croyants, elle mérite d’être entendue avant que je ne prenne le temps de me reposer.


HISTOIRE DE SCHAKÂLIK LE SIXIÈME FRÈRE
DU BARBIER


« Il s’appelait Schakâlik, le Pot fêlé, ô commandeur des Croyants, et c’est, lui, d’entre mes frères, qui avait les lèvres coupées, et non seulement les lèvres, mais aussi le zebb. Et son zebb ainsi que ses lèvres furent coupés à la suite de circonstances étonnantes extrêmement.

Schakâlik, ce sixième frère, était d’entre nous sept le plus pauvre ; il était tout à fait pauvre. Je ne parle pas des cent drachmes de l’héritage de notre père, car ces cent drachmes, Schakâlik, qui n’avait jamais vu de sa vie autant d’argent à la fois, se hâta de les manger, en une nuit en compagnie des chiffes déplorables du quartier gauche de Baghdad.

Il n’était donc possesseur d’aucune des vanités de ce monde périssable, et ne vivait que grâce aux aumônes des gens qui le recevaient chez eux à cause de ses bons mots et de ses drôleries.

Un jour d’entre les jours, Schakâlik était sorti à la recherche de quelque subsistance pour soutenir son corps exténué par les privations, et il se trouva, en marchant par les rues, devant la façade d’une magnifique maison qui s’ouvrait par un grand por-