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Page:Le poisson d'or.djvu/186

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LE POISSON D’OR

Pour obéir, il risqua sa vie. Pardonnez-lui, pardonnez-leur de ne point ressembler aux acteurs de vos drames favoris. Chacun va selon sa conscience, et notre Bretagne est bien arriérée dans la voie du progrès.

Mais il y a le poisson d’or, n’est-ce pas ? Le testament, qui valait cent mille écus de rentes ? Bonne pêche ! trop bonne pêche ! Votre exquise délicatesse, belle dame, reste effarouchée. Je ne sais pas pourquoi vous gardez ainsi rancune à la Providence qui répare le mal : néanmoins, je vais rassurer votre délicatesse exquise.

C’était à eux, c’était bien à eux cette fortune, moitié du chef de Keroulaz, moitié du chef de Penilis. Leur droit n’était pas dans le testament, car, en saine morale, le testament n’était qu’une clef qui permettait aux spoliés de rouvrir la porte de leur propre demeure. Je suis honnête homme avant d’être homme de loi, et j’affirme que j’aurais, pour mon compte, accepté le bénéfice du testament sans scrupule.

La nuit même où se passèrent les événements que j’ai racontés, je déposai le testament sur le lit de l’agonisant. Je vous prie d’écouter ceci, madame. Le grand-père médita et pria, puis il dit :

— Deux parts. La première aux pauvres, la seconde pour vous, mes enfants.

— Ah ah ! fit la marquise avec un accent de triomphe : il était un peu de mon avis !

M de Corbière sourit.

— Jeanne et Vincent gardèrent le silence, reprit-il, puis Jeanne embrassa son aïeul en murmurant :

M. Vincent de Chédéglise a parlé à l’armateur ; il est second à bord du lougre le Kergritz. Désormais, il peut nourrir sa femme.