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LE VOL SANS BATTEMENT

mobile actionné par plusieurs forces différentes : l’attraction, le courant irrégulier, les variations de surface présentée, plus enfin les différents modes d’équilibre de l’aéroplane.

Envisagé comme cela, ce problème arrive à n’être pas plus une utopie que le cas d’une usine qui serait actionnée par plusieurs moteurs différents : l’eau, la vapeur, l’électricité et l’air. Il ne viendra à personne l’idée de douter qu’une pareille usine puisse fonctionner.

L’aéroplane voilier est précisément dans le même cas. Il a pour le soutenir et l’actionner : sa surface, sa chute, et les poussées du coup de vent ; de plus, il a de choix d’utiliser ou d’esquiver ce coup de vent. Il l’utilise en développant sa surface, il l’esquive en la diminuant.

Là est la science de l’oiseau.

C’est dans l’exécution adroite et parfaite de toutes ces manœuvres qu’il parvient à puiser dans la puissance du courant aérien la force qui le soutient, le dirige et l’élève.

L’étude du grand vautour est, je le reconnais, assez difficile ; la rareté de cet oiseau en est la cause.

En Algérie j’en ai vu de grands vols, souvent cinquante et plus ensemble ; mais c’est un fait tout à fait irrégulier. On peut, en quelques jours, au moyen de bêtes mortes déposées au loin de toute habitation et de tout chemin, amener un vol de vautours à planer au-dessus de cet appât ; mais, pour réussir, il faut opérer en août ou septembre ; sans cela on risque de perdre son temps. Il faut un bœuf ou un cheval mort. Une chèvre ou tout animal de cette grosseur n’est pas un régal assez copieux pour les décider à s’arrêter.

Il en est de toute la côte africaine nord comme de l’Algérie : nulle part ils ne sont assez nombreux pour descendre quand on veut les attirer. Au Caire même cet oiseau est loin d’être commun ; et cela, malgré la proxi-