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Page:Le vol sans battement.pdf/176

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LE VOL SANS BATTEMENT

Les milans entre eux se querellent rarement ; on voit cependant quelquefois le spectacle suivant : deux oiseaux attrapés par les griffes, descendre du haut des nues en tournoyant et ne se séparer qu’arrivés presque à terre.

Ordinairement la lutte est moins acharnée que cela, elle se borne à des plongées sur un envahisseur, mais, celui qui se sent en faute prend la fuite avec une telle célérité que la bataille est toujours évitée.

J’ai assisté à un magnifique essai de coup de canif dans le contrat.

Une grosse femelle au temps des amours était posée, attendant… son heure, quand un milan, célibataire probablement, se précipita sur elle.

La résistance fut molle ; cependant il y eut résistance, mais surtout nombreux cris poussés d’appel au secours. Le mâle qui planait par là autour accourut pour défendre son bien. Il le fit en toute conscience, mais où il manqua de caractère, c’est dans la poursuite. Il se contenta de renvoyer à grande vitesse ce laron d’honneur sans avoir l’air de lui en vouloir autrement. On sentait que pour lui, cet acte ou le vol d’un débris de volaille étaient sur le même plan.

Chez les corbeaux, cela ne se serait pas passé comme cela : leur vive intelligence, leur tempérament colère, auraient donné à ce cas une tournure tout à fait sérieuse. Le milan est beaucoup plus pacifique ; la pensée est lente chez lui, son activité n’est grande que dans le vol. Là il est maître absolu ; c’est l’oiseau qui produit les plus grandes difficultés du vol plané.

Etudions-le, regardons-le se promener avec aisance autour de ces miliers de terrasses du Caire pour accomplir en conscience sa mission de nettoyer. — Au vol, le milan a pour note particulière de faire constamment des contorsions curieuses ; sa queue se dirige à gauche,