Aller au contenu

Page:Le vol sans battement.pdf/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
283
APPAREILS AÉRIENS

chez lui, change. Il est toujours rameur, ou du moins il semble l’être, mais ces coups d’ailes ne sont plus donnés pour le soutenir : c’est absolument inutile : l’air porte déjà.

Cependant il continue de battre.

Il bat, parce qu’il est ardent, parce qu’il veut aller vite, parce que, s’il allait comme l’attraction seule peut le mouvoir, il irait comme le moineau quand il plane, c’est-à-dire avec une lenteur déplorable. Voyez-vous une hirondelle planant ! Elle se sert cependant quelques fois de la voile, mais, pour elle, que faire de ce vol ? Tous les insectes lui échapperaient et elle mourrait de faim. Au lieu de cela, comme il faut vivre, comme il faut atteindre l’insecte qui fuit avec rapidité, elle se pousse en avant au moyen de ses deux ailes qui sont de formidables organes de propulsion. Ces seize canons de rémiges sont seize ressorts puissants actionnés par la moitié de la masse de son être : ses pectoraux ; et le résultat est une accélération de vitesse telle que la mouche ou le papillon sont surpris en plein acte de vol. Elle vole plus vite qu’eux ! Là est le but de l’organe, la nécessité du vol ramé, ou pour dire infiniment plus juste, du vol propulsé.

Et tous les rameurs en sont là ou presque tous. Exceptez-en les marouettes, râles, gallinacés, tous les autres, et c’est la grande masse, ne rament que pour se propulser.

Le guêpier nous démontre clairement le pourquoi de cet acte. Il plane ordinairement, et dans la perfection, malgré qu’il ne soit qu’une grosse hirondelle ; tant qu’il n’a qu’à étudier, il glisse élégamment comme un oiseau de proie ; mais, qu’il aperçoive une proie à quelque distance, c’est à grands coups d’ailes qu’il se précipite sur elle et l’atteint, car la vitesse qu’il vient de se procurer rend la fuite de l’insecte impossible.