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Page:Le vol sans battement.pdf/435

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CAUSERIES

Ce qu’il verra alors l’étonnera ; il se demandera souvent pourquoi, auparavant, il n’avait jamais soupçonné ce qui lui crève les yeux maintenant. Il m’a été dit souvent ceci : depuis que j’ai vu l’Empire de l’Air mon attention est éveillée, et je vois des oiseaux où avant je n’en voyais pas. Oui assurément les êtres ailés auront décuplé pour l’observateur dont l’esprit s’est ouvert à cette étude. Il en verra partout, dans la forêt, dans les buissons, dans la plaine, dans l’immensité des cieux, et même dans la nuit. — Les gens qui ont visité le Caire ne sont pas rares. Demandez-leur combien ils ont vu de chauves-souris, de 0 m. 50 de diamètre. Ils vous diront certainement : aucune. Cependant le soir, sans se déranger, sur ma terrasse, je leur en ferai voir un cent en une heure. Elles auront toutes de 0.40 à 0.50 d’un bout d’une aile à l’autre, ce qui est respectable ; et ils verront cela, sans l’ombre de fatigue, étendus sur un divan, tournant le dos à la lune et en prenant le frais. On les entendra même voler s’il fait un peu de brise. Et cependant neuf cairotes sur dix ne les soupçonnent pas. Du même coup, on apercevra le scops qui est juste gros comme la rousselle, l’effraye, l’otis brachyotus qui plane si merveilleusement dans l’air calme de la nuit, et enfin, peut-être, le duc africain. Celui-ci vaut le dérangement ; on ne l’oubliera pas facilement.

Il faut donc décidément se résoudre à regarder en l’air et non sur le papier. Il faut agir, quitter les villes, fréquenter la campagne, visiter les pays éloignés où se trouvent les oiseaux de grande taille, ou laisser l’aviation où elle est, c’est-à-dire en pleine ornière. Il faut abandonner le chapeau, l’ombrelle et le parapluie. Pour voir ce qui se passe dans le ciel, il ne faut pas de visière ; c’est quelquefois ennuyeux, mais c’est comme cela. Vous figurez-vous la longue carabine avec un chapeau ! Quand vous chassez l’oiseau, s’il arrive par der-