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Page:Le vol sans battement.pdf/439

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CAUSERIES

organe olfactif leur indiquait la présence dans la grande chambre. Dans cette même obscurité, hulotte, grand-duc, chevêche, effraye …et scops étaient immobilisés.

Je parlai de cette expérience à mon maître feu Jourdan, le Geoffroy Saint-Hilaire de Lyon, qui s’intéressait à mes études, et il vint s’assurer que l’expérience était bien faite.

Voici l’explication qu’il en donna quelques jours après dans une leçon de Zoologie « Chez la chauve-souris, comme chez tout être, quand la lumière est absente, la rétine, quelque acuité qu’elle possède, ne peut être impressionnée, il faut donc mettre la possibilité du vol de ce mammifère sur une autre fonction. » Il attribua au sens du toucher cette possibilité de direction. Ces grandes membranes des ailes doivent posséder une faculté de tact excessive. Le battement produit sur l’air qui avoisine un corps dense, un mur par exemple, n’a plus la même élasticité que celui qui est au large. Cette simple différence devait suffire à la chauve-souris pour être avertie de l’approche d’un corps contre lequel elle allait se heurter ; et comme, chez elle, la masse est minime, et que, en plus, elle possède une faculté de présentation de plans divers que nul petit oiseau n’atteint même de loin, ajoutez à ces qualités une force de pectoraux incomparable, on arrive à comprendre comment elle parvenait à se mouvoir dans le noir au moyen du tact, comme si la vue avait perfectionné.

La nature a fourni aux volateurs nocturnes, mammifères ou oiseaux, des organes spéciaux qui leur permettent d’éviter les chocs que produirait fatalement la faible intensité de la lumière qui leur permet de se diriger. Ces organes sont, d’abord, une grande surface par rapport à la masse, fait qui prouve forcément le vol lent. Puis la faculté qu’ils ont de changer le plan