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LE VOL SANS BATTEMENT

Ne se sentant nulle envie de quitter un pays qui offre à l’observateur de si merveilleux sujets d’études, Mouillard se décide à y fixer sa vie définitivement. Il épouse une hollandaise, Melle Kath Van Tol, excellente personne point fortunée. Le ménage s’installa modestement dans la rue de l’Église Catholique.

Mouillard donne des leçons de dessin, il compte parmi ses élèves les enfants du Khédive ; et sa femme pour venir en aide à cet incorrigible, qui vide sa bourse en achetant des oiseaux, cherche à tenir un petit commerce. Sa boutique est dans la rue de l’Hôtel-du-Nil, près des magasins Dunol. M. Teillart, le beau-frère de son mari, qui a, à Lyon, dans la rue de l’Hôtel-de-Ville, une mercerie en gros, lui fait l’avance de marchandises qu’elle essaye d’écouler dans la clientèle cairote. Mais pas plus que Louis Mouillard, Kath van Tol n’a le sens des bonnes affaires. Si Mouillard vit dans ses chimères, la bonne « tante Miette » comme l’appellent ses neveux ; teste effacée. C’est une grande femme maigre, très douce, ayant le type d’une institutrice anglaise bonne manière. Tous deux mènent une vie des plus austères.

Cependant Mouillard commence à rassembler ses notes et à condenser ses observations en un essai d’ornithologie appliquée à l’aviation. L’heure de la réalisation approche. Mouillard sent qu’il tient la solution du vol mécanique. Il l’a vue, dévoilée en plein ciel. Mais les idées qu’il a maintenant le devoir de livrer au public sont si éloignées des notions admises que la crainte de n’être pas cru étreint le voyant. Il faut à tout prix un résultat. Il faut que l’homme à son tour s’élance.

Mouillard va reprendre les expériences d’Algérie et s’élancer à nouveau dans les airs.

Des déboires terribles l’attendent. Une maladie qui ne pardonne pas fond sur l’inventeur, brisant en lui