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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/100

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Mon compagnon descendit de machine et, d’une grosse sacoche fixée à son guidon, il tira, outre quelques exemplaires de Balzac à couverture orange, une carte entoilée qu’il déploya sous mes yeux. C’était une carte de la France.

— Tenez, me dit-il, voici marqués au crayon bleu toutes les villes et tous les villages par où il a passé. Et cette ligne au crayon rouge qui va du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, c’est l’itinéraire qui permet de passer par toutes ces villes et par tous ces villages, c’est l’itinéraire Balzac.

Paris, bien entendu, est le point de départ et le point d’arrivée — et quelles explorations également passionnantes on y pourrait faire avec l’auteur des « Scènes de la Vie Parisienne » ! — Donc, en compagnie du comte de Sérisy de Schinner, de Mitigris, nous sortons de Paris et nous gagnons par Saint-Brice, la jolie vallée de l’Isle-Adam (Un Début dans la Vie), nous allons vers le Nord, Jusqu’à Douai, qui fut témoin de la grandeur et de la ruine de Balthazar Claës (La Recherche de l’Absolu). De là, un coude brusque nous ramène du côté du Havre, où l’adorable Modeste Mignon connut les tristesses et les joies de l’amour. Par Bayeux (La Femme Abandonnée), nous descendons vers Fougères et l’âpre campagne où se cachait Marche-à-Terre (Les Chouans). Puis Alençon décor de ces deux livres magnifiques : la Vieille Fille et le Cabinet des Antiques. Puis Guérande, l’incomparable, que nous ne tarderons pas à découvrir (Béatrix).

Par Saumur et les bords de la Loire (Eugénie Grandet), nous arrivons à la Touraine que Balzac aima par-dessus tout (La Grenadière, le Lys dans la Vallée, le Curé de Tours). De là Issoudun (Un Ménage de Garçon, d’où fut tirée par Émile Fabre cette très belle pièce, la Rabouilleuse, Limoges (Le Curé de Village), Angoulème, berceau de Lucien de Rubempré (Les Illusions per-