Aller au contenu

Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Cré nom de nom, rugit M. Boulingrin, et le tandem !

On les réintégra tous deux avec mille précautions, l’un dans sa caisse de sapin, bien graissé, bien enveloppé de linges, l’autre dans son lit, où elle put geindre à son aise, la jambe ligotée entre deux Planchettes de bois.

— S’il n’y a pas d’accroc, elle en sera quitte pour six semaines, avait dit le docteur.

M. Boulingrin fut parfait. Il l’entourait de soins et de prévenances, et comme il compatissait à son mal :

— Encore trente-quatre jours, pauvre amie ; dans trente-quatre jours tu pourras monter à tandem.

Il l’interrogeait avec inquiétude :

— Sûrement, n’est-ce pas, nous pourrons faire notre première sortie à tandem au jour fixé ?

— Je ferai mon possible, répondait Diane.

Malheureusement, des complications survinrent. Le docteur demanda six autres semaines de repos. M. Boulingrin jeta les hauts cris, mais, quoi ! il fallait se rendre à l’évidence : la malade ne pouvait remuer la jambe sans d’affreuses douleurs.

— Soit, dit-il, j’accorde six semaines, pas un jour de plus.

Hélas ! il n’était pas au bout de ses peines. La plaie s’envenima. On dut mander en consultation un médecin de la ville. Après un examen minutieux, les deux confrères furent unanimes : l’opération était nécessaire.

Achille balbutia, tout pâle :

— Mais elle pourra aller et venir… marcher… ?

— Certes, en s’aidant de béquilles.

— Nom d’un sort de crénom de nom !