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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/314

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Il entra. Le père et la mère étaient là, seuls. La mère pleurait. Il dit :

— Voilà l’enfant, voilà tout…

Deux cris de joie lui répondirent. D’un bond la mère s’élança et lui arracha le petit. Et le père cherchait sa part de caresses, à genoux devant sa femme et son enfant.

Et l’on ne s’occupait pas de l’homme. Il voulut s’en aller. Il ne le put. Quelque chose le retenait, un charme inexplicable.

Un timbre retentit. Le domestique vint annoncer :

— C’est le commissaire de police.

— Une seconde, dit le père.

Il s’approcha de l’homme et le reconnut :

— Ah ! c’est vous ! Pourquoi rapportez-vous l’enfant et tous ces objets ?

— Je ne sais pas… ou plutôt oui, je sais… voyez-vous…

Il tâcha d’expliquer. Il raconta les choses, son étonnement…

Le père réfléchit et dit :

— Pas un mot… Je vais vous cacher.

Il le dissimula derrière des tentures.

Et l’homme ne fut nullement surpris de cette miséricorde. Car, en vérité, tout cela n’était que miracle, prodige de Noël, fantaisie mystérieuse de l’enfant divin qui court sur les toits, se glisse par les cheminées et se blottit dans les couvertures, parmi l’entassement des pendules et des candélabres volés.

Maurice LEBLANC.