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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/319

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— Étienne…

Leurs yeux se rencontrèrent. Il frissonne et rougit. Qu’allait-elle dire ?

Elle lui tendit la main, et lorsqu’il l’eut prise entre les deux siennes, elle ne la retira pas aussitôt.

— Je vous remercie ! dit-elle.

Il sentit que c’était là plus qu’un remerciement, et qu’en agissant ainsi elle n’ignorait pas que nulle récompense au monde ne lui eût donné plus de joie. Elle savait donc ? Elle avait donc deviné ?…

Ils partirent. Ils ne furent pas rejoints.

Le soir, à l’hôtel de Graneuse, le comte fit mander Étienne et lui dit :

— Je vous ai aperçu tantôt, en automobile. Vos virages sont trop courts, mon garçon. Je trouve dangereux de vous laisser au service de madame. Vous ferez vos huit jours.

Étienne monta dans sa chambre. Il passa, la nuit à sa fenêtre. Quand le jour vint il prit son rasoir et se coupa la gorge.

Maurice LEBLANC.