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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/477

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se dissipait, presque heureuse, toute détendue, elle éprouvait une grande joie à être en face de lui. Elle sentait sa force, elle subissait la domination de sa volonté. La vie reprenait son véritable sens, et il lui semblait que c’était la chose du monde la plus juste que de se soumettre et d’obéir. Toute la femme, en elle, se délectait après la révolte trop violente.

Elle murmura :

— J’aurais pu tuer cet enfant. Ah ! c’est fou ce que j’ai fait… Mais, comprenez-le, Raoul, j’ai agi sans savoir… je voulais vous conquérir… et ce n’est pas à la femme de conquérir.

Et elle ajouta très bas :

— Raoul, me pardonnez-vous cette folie ?

Elle leva les yeux et tressaillit. Jamais il ne l’avait regardée avec autant de douceur.

Il répondit simplement :

— Comment pourrais-je oublier qu’elle fut commise pour moi ?…

Maurice LEBLANC.