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Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/12

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ARMELLE ET CLAUDE

Cette situation leur valut d’être seuls aussitôt qu’ils furent présentés l’un à l’autre. On s’écarta comme s’ils allaient tenir un langage ignoré et remuer des questions d’un ordre spécial. Peut-être cette complaisance les gêna-t-elle au début, mais l’éveil rapide de secrètes sympathies leur fit accepter l’isolement où l’on s’accordait à les laisser.

Physiquement, leurs apparences s’harmonisaient, ce qui provient de causes plus obscures que les similitudes ou les différences dans la taille, le geste ou l’âge. Armelle avait des cheveux blonds à nuances très diverses, comme des blés que le soleil a mûris inégalement. De l’or aussi éclairait ses yeux sombres, et la lumière de ses dents brillait entre ses lèvres rouges. Au repos, son visage était plein de sourire, à tel point qu’on ne savait pas ce qui souriait de ses yeux ou de sa bouche, de ses joues ou de son menton. Plutôt même que du sourire, on eût dit de la clarté qui rayonnait comme une atmosphère de joie. Près d’elle, Claude semblait plus brun et plus pâle