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Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/146

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ARMELLE ET CLAUDE

— Un jour, Claude, vous m’êtes apparu comme un étranger que j’aurais voulu chasser de mon existence.

— Mais à notre insu, reprit Landa, le but inconnu que nous poursuivions se rapprochait. Le passé nous enseignait ses leçons de sagesse et de fraternité. La nature brisait notre indifférence, et nous nous en allions en elle, sans crainte de nous y perdre, puisque nous étions deux. Et quand nous nous renfermions en nous, nous étions plus forts, car la sensibilité, c’est l’emprunt de forces extérieures. Nos âmes s’éveillaient d’être auprès l’une de l’autre. Elles s’appelaient en balbutiant et répondaient à leur appel. Et ce qui se fût passé au fond de nous, sans que nous en fussions avertis, les minutes d’émotion nous le montraient en toute certitude. Ainsi, j’ai conscience de moi et vous avez conscience de vous. Nous avons perçu le bruit de notre vie et cela donne de l’assurance et de la sérénité.

Écoutait-elle ? Son bras s’était dénoué. Elle avait glissé sur le sol. Sa tête mainte-