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ARMELLE ET CLAUDE

contre moi surtout, afin de m’affranchir. Je dois avouer que mon principe d’énergie le plus fécond, je le puisais dans l’espoir de l’amour. Je ne voulais pas tant être libre de mes actes que libre d’aimer à ma guise, débarrassée de tous les liens qui paralysent la volonté amoureuse de la femme et ne lui laissent que la ressource du mensonge. Donc, aussitôt affranchie, j’ai cherché l’amour, puisque je m’en étais rendue digne. Au premier qui m’eût aimée pour moi, et que j’eusse aimé pour lui, je me serais donnée sans hésitation. Beaucoup sont venus, et quelques-uns m’ont troublée. Mais il n’en est pas un, vous entendez, pas un qui ne se soit fait comme un plaisir d’abîmer mon espoir. Tous se sont dévoilés exigeants, autoritaires, ombrageux, préoccupés surtout de prendre barre sur moi, d’obtenir de l’influence, de marquer leur pouvoir. Je ne leur demandais rien, ils me demandaient tous les sacrifices. Tel homme leur déplaisait, ou tel milieu. Et des soupçons, des questions sans fin… Ah ! celui qui m’a le