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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/132

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les époux dumouchel

querelles eurent lieu. Puis cela s’apaisa, on en vint aux concessions, les aspérités s’aplanirent. Tous deux très égoïstes, avides de bien-être, ils se firent au foyer une place respective. Chacun eut ses attributions, son autorité, ses droits particuliers, de même que chacun posséda son fauteuil au coin du feu. Après quelques tâtonnements, ils s’installèrent dans leurs habitudes et s’y pelotonnèrent, à l’exemple du chien qui piétine, tournoie, s’arrondit et se couche définitivement. Une fois couchés, ils ne bougèrent plus.

Leur budget fut établi d’une façon irrévocable, tant pour la bonne, tant pour la cuisine, tant pour, l’habillement, tant pour les faux frais. On n’aborda pas le chapitre des économies. Sans en parler, ils comptaient sur le proche héritage de Mlle Roussel, dont l’avoir s’élevait à 53 000 francs.

D’une parcimonie tâtillonne pour tout ce qui n’était pas prévu dans leurs calculs, ils s’en tinrent si rigoureusement aux chiffres fixés, que leurs dépenses annuelles ne variaient pas.

Du reste, les occupations de M. Dumouchel les contraignaient à une existence régulière. Leur vie s’organisa d’elle-même et, comme une machine bien agencée, fonctionna sans secousses