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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/139

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les époux dumouchel

tant la même maison que Turpin, leur ex-associé. Les mauvaises langues interprétaient mal cette intimité.

« M. Lamare, Aristide, lieutenant de gendarmerie en retraite, » mugit un homme de haute taille, en se présentant l’air souriant et satisfait.

Il ne manquait jamais cette plaisanterie, le beau Lamare, comme on l’appelait. Vingt ans auparavant, le lieutenant Lamare avait enlevé une dame Rivol, connue à Rouen pour ses débordements. Obligé de démissionner, il vécut aux frais de sa maîtresse, qui, en mourant, lui laissa quelques rentes. Cette aventure, bien qu’unique en son existence, lui valait une réputation de don Juan.

Nul ne savait qu’après la mort de la dame Rivol un accident fâcheux avait privé le gendarme de ses moyens et rendu ses hommages forcément inoffensifs.

Auprès de Berthe, le beau Lamare se posait en soupirant éconduit. Ouvertement il se plaignait de ses rigueurs.

— Mes compliments, Dumouchel, s’exclamait-il, vous avez une perle. Sa vertu me déroute.