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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/176

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les époux dumouchel

tes où perçait une sorte de dédain, et ils évitèrent désormais leurs anciennes connaissances.

Alors ils vécurent seuls, moroses, silencieux. La maison, qui retentissait pourtant des cris de la petite et des chants de la nourrice, leur semblait inhabitée. Le salon fut dégarni de ses meubles, puis fermé définitivement, et ils ne passaient jamais sans un serrement de cœur devant cette porte condamnée.

À court d’argent et voulant à tout prix réparer la saignée faite à leur capital, ils s’appliquèrent à réaliser d’infimes économies. Ils grappillaient sur tout, rognaient de droite et de gauche, défendaient leurs sous comme des avares de profession.

François surtout apportait à cette besogne une rapacité prodigieuse. Il vendit ses gravures mythologiques. Et il les vendit sans regrets, comme des choses inutiles, sacrifiant bravement sa réputation de collectionneur.

Puis il pressa Berthe de renvoyer la bonne. Il subit d’abord un refus catégorique. La fille d’un officier, la fille du capitaine Chemin, pouvait-elle s’abaisser jusqu’à ceindre le tablier, balayer les chambres, éplucher les légumes ? Il ne broncha