Aller au contenu

Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
les époux dumouchel

immense désespoir les terrassait, et ils pleurèrent longtemps, à chaudes larmes.

Une réconciliation suivit cette épreuve, trop lourde à supporter pour chacun d’eux isolément. Mais de ce bon accord résulta contre l’enfant une haine plus vigoureuse. Ils n’eurent plus pour s’étourdir la ressource des querelles et des batailles, et plus rien ne détacha leurs pensées de cet être maudit.

Ce fut une obsession. Ils en rêvaient la nuit. « La gueuse », comme disait François, les hantait. Ils ne cessaient d’énumérer les chagrins qu’elle leur avait causés, et Berthe ne manqua pas de lui imputer ce qu’elle appelait la canaillerie dé tante Roussel. N’est-ce pas pour elle en effet que sa mère avait négligé la vieille demoiselle ? Que de fois, au moment de partir chez sa tante, elle s’était ravisée en songeant aux occupations multiples de son ménage.

— Oh ! la gueuse, la gueuse, répéta François convaincu, elle nous ôte le pain de la bouche, elle nous ruine. Avec elle rien ne nous réussit.

Et Berthe déclara gravement :

— Elle nous porte malheur, elle doit avoir le mauvais œil.