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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/243

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un amour

méprise trop, vous et vos semblables, les autres femmes, toutes les autres ; c’est lui que je hais, lui, l’ami qui m’a volé. Alors, pour me venger, je lui prends, je lui vole son fils. Car je ne doute pas qu’il ne soit à lui, n’est-ce pas ?

Elle n’eut pas la force de mentir et baissa ta tête.

— Tant mieux, s’écria-t-il, tant mieux ; il ne le reverra jamais, je l’emporte, je le cache de telle façon qu’il ignore même où respire son fils.

Elle se dressa, terrifiée :

— Mais vous ne pouvez me le voler, il est à moi !

Il ricana :

— À vous certes, mais à moi d’abord, le soi-disant père… Cependant il y a un moyen, un seul, de ne pas quitter votre enfant. Je consens à vous pardonner, à vous traiter, vous, comme ma femme, Georges comme mon propre fils, bref à effacer de ma mémoire ce que le hasard m’a révélé. Et cela à une condition : venez avec moi et l’enfant, nous nous exilerons longtemps, des années, beaucoup d’années… jusqu’à ce que vous ayez les cheveux blancs…