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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/271

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le fils aux duramé

à vous. Vous avez un enfant, voulez-vous du mien ? Voici les conditions : tous les trimestres, à partir d’aujourd’hui, vous irez à Fécamp toucher trois cents francs chez le notaire, Me Loisel. Vous irez avec le petit, n’est-ce pas, avec le petit. Sinon l’on ne vous donnera rien. Vous l’élèverez comme le vôtre, vous les enverrez à l’école ensemble, plus tard même au collège, si cela vous convient. Dans ce cas, le notaire paiera les frais. Enfin, à sa majorité, une somme de vingt mille francs lui sera remise pour s’établir. Est-ce conclu ?

Ils écoutaient, le visage stupide, ne comprenant pas. Tous ces chiffres bourdonnaient à leurs oreilles.

Il dut recommencer. Puis il ajouta :

— Désormais vous n’entendrez plus parler de moi. Vous raconterez l’aventure à votre façon. Je vous conseille cependant de dire la vérité. Cela m’est indifférent, j’ai pris mes précautions. Allons, soyez francs, oui ou non ?

Ils ne répondirent pas. Une sorte de défiance envahissait leur esprit soupçonneux de paysans. Ils ne croyaient pas à cette fortune inespérée qu’on leur offrait.