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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/275

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le fils aux duramé

primée, leurs économies perdues, les dettes prochaines, la gêne, la misère.

À leurs pieds gisait le cadavre. Ils ne songeaient même pas à le laver, à l’habiller, à le coucher.

Enfin Césarine prononça :

— J’ vas m’ n’ aller q’ ri la mè Levachu, alle veille les défunts.

Elle se dirigea vers la porte. En trois enjambées Victor fut près d’elle. Il lui empoigna le bras.

— Espère, espère un brin, j’ cré que j’ tiens eune idée, eune fameuse.

Il réfléchit, puis s’expliqua.

Elle se révolta d’abord. Mais l’idée la tenait à son tour.

Ils se rassirent et causèrent à voix basse, longtemps.

Quand le valet de ferme revint, il trouva Césarine à genoux devant le berceau et Duramé pleurant, la tête entre ses mains.

Il demanda : — Qu’é qu’y a ?

Victor gémit :

— C’est not’ fils qu’est tué, not’ pauv’fils, not’ fieu à nous, not’ p’ tit Charlot. C’est-i pas d’la malchance, c’ cochon d’buffet qui tomb’