Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
la fortune de m. fouque

côte, je coupai le bois par les sentiers de traverse. Le ciel était bleu, j’en voyais des coins entre les arbres qui m’abritaient du soleil, et j’avançais gaillardement, heureux de me dégourdir les jambes. Aux environs du carrefour des Ormes, j’évitai de heurter les cailloux ou de froisser les branches, afin de ne pas dévoiler ma présence. Puis je me blottis dans un fourré et j’attendis… J’attendis quoi ?… je ne saurais dire : j’étais sûr que personne ne viendrait. En face, de l’autre côté de la clairière, s’élevait une espèce de cabane, une cabane de berger. Tout près d’elle, un âne broutait. Il faisait très chaud, je m’assoupissais lorsque j’entendis un bruit de pas… Je prêtai l’oreille… les pas s’approchèrent… une femme se dirigea vers la cahute, entr’ouvrit la porte, et disparut… Je l’avais reconnue, c’était ma femme !

M. Fouque lança cette phrase crânement et s’interrompit. En parlant, il s’était animé peu à peu, avait redressé sa taille et retrouvé son aplomb. Il ne bégayait plus. La certitude de son succès lui donnait même de l’éloquence.

Il poursuivit :

— Oui, ma femme, Mme Fouque ! J’eus envie