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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/66

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la fortune de m. fouque

vie de la coucher sur ses genoux et de l’embrasser.

Peu romanesque, Mme Fouque avait succombé sans l’excuse d’une passion, sans entraînement des sens.

Dans quelques volumes dépareillés de Balzac — le seul auteur qu’elle possédât — elle avait depuis longtemps puisé cette conviction qu’une femme subit vers sa trentième année une crise fatale. À cet âge, toutes les héroïnes de Balzac sont poussées vers l’abime.

Pendant dix ans elle attendit « sa crise ». Elle l’attendit tranquillement, y pensant peu, comme à un événement lointain qui la laissait indifférente.

Elle atteignit la trentaine sans que rien ne troublât son existence. Étonnée, elle chercha autour d’elle instinctivement. C’est alors que Ferrand s’établit à Caudebec, comme représentant d’une maison de vins. M. Fouque fit sa connaissance au cercle, l’accapara et l’emmena chez sa femme.

Le jeune homme causa littérature et amour. Elle constata la similitude de leurs goûts et de leurs préférences. Il vénérait Balzac. Ce fut