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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/111

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L’ENTHOUSIASME

Le soir on m’apporta une lettre d’Armande. « Je m’en vais, Pascal, je m’en vais parce que je t’aime et que je souffrirais trop. J’habiterai Paris, ce qui me permettra de m’occuper utilement des travaux de mon mari. Toi, re l’abandonne pas, veux-tu ? Il va être si seul ! De temps en temps ne pourrais-tu le prendre à la sortie du collège et le reconduire ? Il en profitera bien pour te donner un peu de travail. Accepte-le, en souvenir de moi… Adieu… »

De belles heures s’évanouissaient, et une âme généreuse se détachait de la mienne, au moment où j’avais besoin de secours. « Je perds en toi plus que je ne crois, » écrivis-je à Mme Berthier.

Mon isolement me fut désagréable au milieu de cette ville dont l’hostilité sourde commençait à se dessiner, et Geneviève était si loin ! Les conditions de l’existence en province multipliant les obstacles entre les amants, je me heurtais déjà à des difficultés auxquelles la vie de Bellefeuille ne m’avait pas accoutumé. À Saint-Jore on ne se rend point chez une dame pour un oui ou pour un non. Il faut des motifs valables et reconnus comme tels, sans quoi le monde, vite averti, s’inquiète. J’en eus la preuve immédiate. Par suite de l’installation des Darzas à l’extrémité d’une cour vitrée, que bordaient à droite et à gauche les magasins du dépôt et sur laquelle ouvrait le bureau de Philippe, je fus arrêté dès mon premier essai de rapprochement.

— Tiens, te voilà, Pascal. Qu’y a-t-il pour ton service, mon ami ?