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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/143

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L’ENTHOUSIASME

donc attention, Pascal… si on te reconnaissait !

Je me tournai vers elle.

— Aucun danger, à cette hauteur ! Tiens un événement, le Clos est vide aujourd’hui… où donc est le gardien ?

Je fouillais des yeux les allées désertes, quand tout à coup un cri m’échappa :

— Philippe !

Elle se dressa d’un bond, puis retomba assise.

— Attends, ne bouge pas, lui dis-je d’une voix étranglée, il ne peut pas nous voir à travers les branches… il est dans le terrain vague… il n’entrera pas peut-être…

Geneviève, immobile, poussait des gémissements rauques. Je cherchais une issue pour m’enfuir.

— Ah ! le voilà… va au-devant de lui, vite, tâche qu’il ne vienne pas ici… emmène-le… il a l’air de chercher… va donc…

Elle ne remuait pas. Elle semblait morte. J’hésitai un instant, puis je franchis le parapet.

La pente abrupte de la colline se hérisse çà et là de la saillie d’un rocher, et une maigre végétation la recouvre. Trois ou quatre secondes, je restai sur un petit terre-plein parmi des touffes de jonc. La crainte d’être surpris par Philippe m’en chassa et, après des efforts d’équilibre, avec l’aide des racines et des aspérités de la falaise, je réussis à me dissimuler derrière un bouquet d’arbustes plus épais. Mais alors il eût suffi aux promeneurs de lever les yeux pour m’apercevoir en cette posture insolite.