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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/203

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L’ENTHOUSIASME

entre toutes. L’étoffe de son corsage marquait le gonflement d’une gorge dont je savais la splendeur, et la ligne de sa jupe était celle des hanches harmonieuses que mes lèvres caressaient. Il me fut impossible de réprimer l’élan d’adoration et de vanité qui me poussait vers elle. J’avançai. Elle me vit et aussitôt chercha des yeux un refuge. Il était trop tard : je lui tendais la main.

— Ne vous éloignez pas, Geneviève, soyez aimable avec moi comme vous l’êtes avec tous ces gens. Ma pauvre aimée, on croirait que vous leur demandez pardon de ce qui est…

— Allez-vous-en, Pascal, supplia-t-elle, on nous observe, tenez, Mme Seigneur nous désigne à Madame…

— Je me moque bien de Mme Seigneur et des autres… je vous aime, je veux vous le dire ici, en public, pendant qu’on nous observe. Je suis fier de toi, tu es la plus belle, la seule belle.

Malgré tout elle sourit.

— Allons, ma Geneviève, sois fière aussi, notre amour en vaut la peine. Ils peuvent rire et jacasser. il y a entre nous quelque chose qui est au-dessus d’eux et qu’au fond ils envient… Regarde-moi.

Elle me regarda, et je l’entendis murmurer :

— Mon chéri… mon chéri.

Nos yeux ne se quittèrent plus. Nous parlions de nous et de notre tendresse en toute sérénité, indifférents à ce qui n’était point nous. Mais des