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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/236

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L’ENTHOUSIASME

l’ombre, je discernai son visage immobile, aux yeux clos. Je lui tordis les doigts, ils se desserrèrent. Je sautai sur la fenêtre et glissai les rideaux, d’épais rideaux de molleton que vinrent battre encore une douzaine de cailloux, et puis il y eut des chants, des cris d’animaux, et puis un grand silence.

Je retournai près de Geneviève. Elle tenait son mouchoir contre ses yeux, pleurant sans doute, quoique aucun mouvement ne l’agitât. La demie de sept heures sonna, il fallait partir. Mais comment ? Quitter cette maison, c’était s’exposer aux regards et offrir la certitude de notre présence. Pourtant nul bruit ne montait de la rue.

— Écoute, Geneviève, je vais voir en bas… arrange-toi, il est temps que tu rentres… pour Philippe.

— Oui, dit-elle.

J’allumai une bougie, et soudain j’aperçus des taches rouges à son mouchoir.

— Qu’est-ce que tu as, Geneviève ? tu saignes ?

— Une pierre qui a ricoché, je crois… là… au front… ce n’est rien.

En trois secondes je fus dehors, avide d’en saisir un, le premier venu, et de me colleter avec lui. Au fond d’une petite place, formée par les deux rues qui se croisent, des silhouettes s’évanouirent, derrière les arbres. J’y courus. Il n’y avait plus personne.