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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/32

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L’ENTHOUSIASME

impuissance de chaste ? excès d’imagination ? il y eut de tout cela, mais il y eut encore… Oh ! comme les forces qui nous dirigent sont obscures. Notre vie repose parfois sur des sentiments que nous ne soupçonnons point, sur des espoirs qui ne nous ont même pas effleurés.

De Saint-Jore, on se rend en une heure à Bellefeuille par la ligne de Domfront. J’y arrivai le soir. Un domestique envoyé pour les bagages me prévint que ma mère, un peu souffrante, avait dû se coucher au sortir de table. Faisant un détour je passai, près des usines, devant la propriété que Philippe Darzas habitait depuis son mariage avec la sœur de Mme Landol. Une brèche me permit d’en franchir la haie. Aucune clarté ne brillait aux fenêtres, et nul bruit ne rompait le silence de la nuit, pas même le murmure de la rivière que son haleine fraiche annonçait très proche.

Il y a sur la droite un mélèze et un acacia auxquels est accrochée une balançoire où souvent se berçait Mme Darzas. Je la retrouve et aussi, dans un bosquet, le hamac jaune et rouge qu’elle affectionne. Son odeur y est encore, oui, je la respire à l’endroit de sa tête, une odeur d’iris que je ne puis séparer du parfum des sureaux et des troènes qui forment le bosquet. Un hêtre est là, tout près, qu’entoure un banc de fer. Je le touche, et mon doigt suit sur l’écorce la trace d’un nom que j’y gravai une après-midi de dimanche pendant que Mme Darzas lisait à mes côtés. Puis je vais jusqu’au