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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/65

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L’ENTHOUSIASME

de sentiments dont elle n’avait aucune idée l’offusquait, et son cœur se fermait à la compassion.

— Tais-toi, Pascal, tu dis des choses que je ne dois pas entendre… des choses insensées, tu le reconnaîtras quand tu seras plus calme… Allons, n’insiste pas. Crois-tu que cela ne me désole pas, moi aussi, cette longue séparation ? Mais il le faut, il le faut pour Philippe qui est notre ami, il le faut pour Geneviève qui ne tarderait pas à être punie de sa légèreté, pour toi, dont la conduite est mauvaise. Réfléchis et avoue que ton grand-père et moi nous agissons d’après notre devoir.

— Alors votre devoir, c’est de m’écraser ! J’aime comme je n’aimerai plus jamais et mon amour ne compte pas ? Je suis heureux comme on ne peut pas l’être, et ce bonheur vous trouvez naturel de le détruire ? Voyons, mère, c’est quelque chose qui a son importance, mon bonheur, mon amour ? et tu n’hésites pas ?

Elle haussa les épaules :

— Mon pauvre ami, tu as pris au sérieux une petite intrigue dont Geneviève est la première à rire, j’en suis sûre… tu trouveras bon que nous y mettions fin. Il s’agit de questions qui ont aussi leur gravité, l’honneur d’un mari, la paix d’un ménage, la considération de notre famille. Ne compte pas sur la moindre faiblesse de ma part.

Elle m’attira de nouveau et me dit affectueusement :

— N’est-ce pas que j’ai raison ?