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Page:Leblanc - L'Enthousiasme, 1901.djvu/91

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L’ENTHOUSIASME

reprises, l’éloge du manoir me sembla indispensable, et après cette entrée en matière j’en arrivais aussitôt à parler de la châtelaine, de son charme languissant, de sa pauvre voix brisée et de la délicatesse de ses traits — si bien que, le dimanche suivant, Armande insista pour une nouvelle visite à la Vaunoise.

Le hasard nous permit d’éviter les hobereaux. Mais Nanthilde avoua les reproches que lui avait valus sa complaisance à notre égard, et nous allâmes furtivement l’attendre au pied de la tour. Elle y apporta des fruits, une galette et du cidre mousseux. On goûta gaiement. Puis Armande, prétextant un désir de repos, s’éloigna sous les chênes. Toute l’après-midi, je restai seul avec Mme de la Vaunoise.

Des arbustes emmêlés nous enfermaient dans une grotte de feuilles ornée de soleil et parfumée de plantes sauvages. Nous nous faisions ou ne disions que des choses insignifiantes. Cependant le silence et la solitude nous imprégnèrent d’émotion. Nanthilde pleura ses misères et ses hontes. Je me précipitai à ses genoux et lui offris mon cœur, mon dévouement, toutes les minutes de ma vie. J’étais fou de pitié.

Entre Armande et moi il n’y eut point d’allusion à la jolie châtelaine ni à rien qui rappelât les deux visites au Logis. Mais huit jours après, le soir, une voiture me descendait à proximité de la Vaunoise. Je courus vers la tour. Dans un coin, derrière un