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Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/112

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Il s’assit sur ce même tertre, et il ne dit plus rien, les yeux vagues, pendant que Philippe le considérait. Plusieurs fois il répéta entre ses dents :

— Oui, c’est bien là… Comment pourrais-je me tromper ?

Et tout à coup il serra ses deux poings contre ses tempes et balbutia :

— Pourtant, si je me trompais ! Si j’avais bifurqué plus à droite… et si…

Il s’interrompit, jeta les yeux autour de lui, et, se redressant :

— Impossible ! On ne fait pas d’erreur aussi grossière, à moins d’être fou ! Comment l’aurais-je faite ? Je ne songeais qu’à cela  : « Il faut rester en France… me disais-je, il faut rester à gauche de la ligne. » Et j’y suis resté, crebleu ! Il y a là une certitude absolue… Alors quoi ? vais-je renier la vérité pour leur faire plaisir ?

Et Philippe, qui ne cessait de l’observer, répondait en lui-même :

« Pourquoi pas, mon père ? Que signifierait ce petit mensonge auprès du magnifique résultat qui serait obtenu ? Si vous mentiez, mon père, si seulement vous affirmiez avec moins de force une vérité si