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Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/137

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Un seul point importait, et Marthe l’indiquait de façon irrécusable.

Philippe en demeura interloqué. Au cours de ses méditations, il avait prévu toutes les demandes, toutes les hypothèses, toutes les difficultés, bref toutes les conséquences de l’acte auquel il s’était résolu. Mais comment aurait-il prévu celle-ci, ignorant que Marthe assisterait à cet entretien suprême ? Devant Le Corbier, devant son père, il pouvait, en admettant qu’on songeât à ce détail, invoquer une excuse quelconque. Mais devant Marthe ?…

Dès cette minute, il eut la vision effarante du dénouement qui se préparait. Une sueur le couvrit. Il aurait fallu faire face au danger, bravement, et accumuler les explications, au risque de se contredire. Il rougit et balbutia. C’était déjà donner barre sur lui.

Morestal avait repris sa place. Le Corbier attendait, impassible. Dans le grand silence, Marthe, toute pâle, d’une voix lente, qui détachait les syllabes les unes des autres, prononça :

— Monsieur le ministre, j’accuse mon mari de faux témoignage et de mensonge. C’est maintenant, en rétractant ses dépositions antérieures, qu’il s’insurge contre la