Aller au contenu

Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Autant dire que tu me trouves un peu rengaine, hein ? Que veux-tu ? Je le serai jusqu’au dernier jour. La blessure est trop profonde pour jamais se fermer.

Ils se regardèrent un moment, avec une grande douceur, comme deux vieux compagnons de voyage qui, de temps en temps, sans raison très précise, s’arrêtent, mêlent leurs yeux et leurs pensées, et repartent.

Il lui dit :

— Faut-il couper mes roses… mes Gloires de Dijon ?

— Oui.

— Allons-y ! Soyons héroïque.

Morestal, fils et petit-fils de riches paysans, avait décuplé la fortune de ses pères en fondant une scierie mécanique à Saint-Élophe, gros bourg voisin. C’était un homme tout d’une pièce, comme il disait, « sans double fond, rien dans les mains, rien dans les poches »… quelques idées morales directrices, aussi simples et aussi vieilles que possible, et ces quelques idées