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Page:Leblanc - La frontière, paru dans l'Excelsior, 1910-1911.djvu/87

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Il parlait ainsi qu’un homme ivre, trop vite et d’une voix mal assurée. Sa femme voulut le faire asseoir. Il protesta.

— Me reposer ? Pas besoin, la mère. Un Morestal ne se repose pas. Mes blessures ? Des bobos ! Quoi ? Le médecin ? S’il met le pied ici, je l’expédie par la fenêtre.

— Pourtant, il faut te soigner…

— Me soigner ? Un verre de vin, si ça t’amuse… du vin de France… C’est ça, débouche une bouteille… On va trinquer… À ta santé, Weisslicht… Ah ! celle-là est drôle !… Quand je pense à la tête de Weisslicht, commissaire spécial du gouvernement impérial… Parti, le prisonnier ! Envolé, l’oiseau !

Il riait à pleine gorge, et quand il eut bu deux verres de vin, coup sur coup, il embrassa de nouveau les trois femmes, embrassa Philippe, appela Victor, Catherine, le jardinier, leur serra la main, les renvoya et se mit à marcher en proférant :

— Pas de temps à perdre, les enfants ! Sur la route de Saint-Élophe j’ai rencontré le brigadier de gendarmerie. Le Parquet est déjà au courant de l’affaire… D’ici une demi-heure, on peut venir. Je tiens à